(今年4月9日是法国伟大诗人夏尔·波德莱尔诞辰200周年纪念日。)
(Charles Baudelaire, 1821 –1867)
人众
(法)波德莱尔
舒啸 译
不是每个人都能够在人海里任意遨游:欣赏人众是一门艺术;只有这样一种人可以借助于人类来焕发活力:他们还在摇篮时,哪位仙女就给他们灌输了对改头换面的钟爱、对安居的厌恶、和对旅行的热情。
对于活跃多产的诗人,众人与单人是两个对等、可以互换的概念。谁若是不知道如何单身一人时活得充实多彩,也不会知道怎样的在熙攘的人众里保持独立。
诗人享有这种独一无二的特权,能够从心所欲地成为自己和他人。他就像那些寻找躯壳的游魂,随时任意都可以进入每个人的角色。只有为了他,每个人虚席以待。要是什么地方看上去对他关门闭户,那就是由于在他眼里,该地方不值得驻足光顾。
孤独沉思的漫步者从这无所不及的交融中汲取奇异的陶醉。容易合群的人深知狂欢的乐趣。那些自高自大的人像保险箱一般把自己封闭,那些怯懦害羞的人们像软体动物般自我囚禁,这两种人都永远与狂欢的乐趣无缘。而容易合群的人把境遇带给他的任何职业、任何快乐和任何痛苦都似乎理所应当地承担下来。
这种狂欢不可言喻,灵魂的这种神圣献身,把自己的全部诗情与善行奉献给了不速之客或陌生路人。与这些相比,人们所谓的爱非常渺小、非常有限、非常脆弱。
有时候,对于那些世上的幸运者,哪怕只是为了羞辱他们愚蠢的骄傲,也应该教导他们:这世上有优于他们的幸福,更加广阔,也更加精致。殖民地的创建者、大众的牧师、去到天涯海角的传教士们无疑对这种神秘的狂欢有所了解。他们身处自己的天才创建的阔大怀抱之中,有时候,他们动荡的命运和纯洁的人生会招来怜悯,这让他们哑然失笑。
译记:波德莱尔《巴黎的忧郁》之十二。
十九世纪二十到六十年代正值法国工业革命时期,社会生产力、社会制度、生活环境、文化都正在经历巨大的变革。波德莱尔以诗人的敏感,观察、感觉到了这些变革带来的社会沉沦堕落与个人的颓废绝望。
这里的”人众“象征着工业化、城市化的熙熙攘攘的社会。快意于孤独的诗人沉思着漫步其中,观察、品味、承担任何痛苦、并陶醉其中。在个性丧失、同时个体孤独的时期,诗人的想象力重新构建着人众面前个人的意义。
诗人的纯洁人生注定动荡飘零,有时还会招来他人多此一举的怜悯。
(巴黎十六区多姆街一号:波德莱尔度过最后时光的地方。从这里向西穿过雨果大街,五分钟步程后,就是几十年后瓦雷里的住处。)
拉威尔《库普兰之墓》的小步舞曲
Baudelaire 原作:
Les foules
Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art ; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Multitude, solitude : termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.
Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant ; et si de certaines places paraissent lui êtres fermées, c'est qu'à ses yeux elles ne valent pas la peine d'être visitées.
Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des fiévreuses, dont seront éternellement privés l'égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente.
Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l'imprévu qui se montre, à l'inconnu qui passe.
Il est bon d'apprendre quelquefois aux heureux de ce monde, ne fût-ce que pour humilier un instant leur sot orgueil, qu'il est des bonheurs supérieurs au leur, plus vastes et plus raffinés. Les fondateurs de colonies, les pasteurs de peuples, les prêtres missionnaires exilés au bout du monde, connaissent sans doute quelque chose de ces mystérieuses ivresses ; et, au sein de la vaste famille que leur génie s'est faite, ils doivent rire quelquefois de ceux qui les plaignent pour leur fortune si agitée et pour leur vie si chaste.
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法国抒情诗选译
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