让-吕克•梅朗雄 Jean-luc Mélenchon 4月21日最新文章节选 原文出处:
http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=588#more-588
翻译/ 慧 珠珠
关于中国
我承认由于我对中国抱有的兴趣和友谊使我对中国事物的看法可能通常要比一个冷静审视所要求的要偏好些.对一个国家怀有友谊一说意味着一种超越了特定政治氛围的东西.我喜爱中国,喜爱她的历史,她的美丽,她的文化,她的风光,她的历史文化的承接与断层.也因此我所了解的东西来自于大约对百来本小说和其它各类书籍的阅读.也就是说,没有任何理由推绎出我如此的反应是由于我的左派人士身份,以及中国政府自动获得我的好感这样的结论.作出如此推论的人缺乏相当的政治见识.将法国共和社会党人与中国共产党人混淆一谈实在有失水准,除非是什么人要在他自己的圈子里损害其中一者或两者的政治名声. 抛开此一说,大家也一定要自问是不是所有这些政治标签都确实符合政治宣传所要贬损的原本利益.中国共产党的政治变革成长对任何人都不是什么秘密. 我们是否还应继续把它当作五十年代时期的(共产)主义来对待?我认为没人相信。但为什么在此问题上总是存在两面性呢?在圣保罗国际社会党大会上,中国共产党受邀出席。没有人对此邀请有异议。我是Pierre Moscovici领导的法国社会党代表团成员之一,我们会见了中国共产党强大的代表团,也没有人提出抵制。 它也如其它任何会面一样, 正常而轻松。
当总统萨尔科齐几个月前到访中国时,他有没有一次提出因西藏问题而"不排除任何可能性",包括抵制奥运开幕式呢? 没有。幸亏没有,而今天他 所作所为却是纯粹的虚伪。如此不负责任的言行传达是一种对真实中国的误解和对中国人民文化敏感性的极大轻视。
那些认为一个政府仅依靠警察就能维持和治理超十亿人口大国的人是完全错误的,他们根本就不了解是怎么回事。根深蒂固的民族主义政府的政策得到了广大中国民众的呼应。害怕政治混乱是中国往好方向发展的一个政治文化中心论据,如此仔细思考就可以理解他们这样一个如此辽阔,人口众多,并无数次经受政治瓜分的国家所面临的问题。
在此背景下,只有极其自负的西方国家领导人才认为自己可以使中国人相信我们的国家是令人信服的参照范例。西方列强过去对中国侵略的屈辱历史 ; 柏林墙倒塌后20年西方与俄罗斯激烈的对抗,妄想在其邻国部署北约基地的粗暴愿望 ; 美国的目标就是到处反对和打击统一团结的国家,科索沃正是一例 …… 恰是这些使得任何一个热爱自己国家的中国人了解什么是真正意义上的危胁 : 便是西方对于西藏和人权问题表现出的仁爱。中国人有一切理由质疑西方的意图,这种质疑合情合理。
巴黎发生的这次惨痛事件,严重打击了中国人头脑中的法国形象。我明确强调的是所有的中国人 : 普通百姓,知识分子,各个阶层的领导者。他们对我们的抱怨比对其它人都深. 是我们容许奥运圣火在巴黎传递过程中受到玷污。 中国人知道在如此大谈特谈新闻自由的法国,暴徒袭击年轻残疾运动员和盲人助手的画面在新闻管制下居然没有被播放,尽管那个暴徒以及那些手中挥着(市场上根本买不到的)西藏旗的暴力示威者都是来自于英国.
我们法国人成了被抱怨的对象,因为我们是中国人寄予期望和希望最多的。他们等待我们对其更深入的理解,因为在中国人的文化认知中 我们一直是1789年伟大革命时的法国人民,还是跟随1964年戴高乐将军承认中国并与共产主义中国建交时的法国人民。对于他们来说,我们是那个拒绝发动第二次海湾战争的国家,如此等等。
所以,中国人民将我们视同他们一样是坚持国家独立的人民,也是在英美恶意动作下保持国家自主权的人民。因此当萨尔科齐总统在中国做过友好宣言,却又马上在巴黎作出可耻的抵制威胁时,他们认为受了骗.从这个角度看,法国领导人和为维护西藏僧侣大大放厥词的态度对法国来说是愚蠢的, 是灾难性的。如果我们的领导人继续跟在某些被收买的傀儡如Robert Ménard和’记者无疆界’组织后面的话,我们将无法解脱出这场困境。
原文 A propos de la Chine
J’admets que mon intérêt et mon amitié pour ce pays me fait voir souvent ce qu’il fait avec plus de faveur qu’un examen plus froid l’exigerait peut-être. Dire que l’on a de l’amitié pour un pays cela signifie quelque chose d’autre qui dépasse le moment politique. J’aime la Chine pour son histoire, son esthétique, ses cultures, ses paysages, ses continuités et ses ruptures. Pour autant que j’en connaisse de tout cela par mes lectures d’un grosse centaine de romans et de quelques autres livres assez divers. Soit. D’aucuns en déduisent que j’agis de cette façon parce que je suis un homme de gauche et que le gouvernement chinois aurait donc ma faveur automatiquement. Ceux-là ne font pas preuve d’un grand discernement politique. Confondre un socialiste républicain français avec un communiste chinois n’est pas très subtil sauf s’il s’agit de nuire à la réputation politique de l’un ou de l’autre dans son milieu. Par-dessus tout il faudrait aussi se demander si toutes ces étiquettes politiques correspondent bien au produit d’origine que la propagande veut disqualifier. L’évolution politique du Parti communiste chinois n’est un secret pour personne.
Doit-on continuer à le traiter comme si sa doctrine était celle des années cinquante ? Cela se fait beaucoup pourtant. Mais je ne pense pas que qui que ce soit y croit sérieusement. Pourquoi avoir un double langage permanent à ce sujet ? Au Congrès de l’internationale socialiste de Sao Paolo, le Parti communiste Chinois était présent en tant qu’invité. Personne n’a trouvé à redire à cette invitation. J’étais membre de la délégation socialiste française, dirigée par Pierre Moscovici, qui rencontra la puissante délégation des invités communistes chinois. Personne n’évoqua l’idée de boycotter cette rencontre. Elle fut aussi normale et détendue que n’importe quelle autre rencontre. Quand le président Sarkozy est allé en Chine il y a quelques mois a-t-il une seule fois soulevé le problème du Tibet au nom duquel à présent il « n’exclut rien », y compris de boycotter la cérémonie d’ouverture ? Non, bien sur. Heureusement. Les gesticulations d’aujourd’hui sont de pures hypocrisies. Mais en agissant de cette façon irresponsable on exprime une incompréhension de ce qu’est la Chine actuelle réelle et un grand mépris pour la sensibilité culturelle de son peuple. Ceux qui croient qu’un gouvernement tient et dirige un pays de plus d’un milliard d’habitants par des mesures de police se trompent absolument et ne comprennent rien à ce qui se passe. L’ancrage nationaliste de la politique gouvernementale rencontre un écho dans la masse du peuple chinois. La peur du chaos politique est un argument central de la culture politique des chinois pour la raison de bon sens que tout le monde peut comprendre s’il réfléchit rationnellement aux problèmes d’un tel pays si vaste, si peuplé et tant de fois affreusement martyrisé par le démembrement politique.
Dans ce contexte, seule la prétention sans borne des dirigeants occidentaux peut leur faire croire que nos pays seraient une référence rassurante pour les chinois. Le souvenir mortifiant des humiliations imposées dans le passé par l’occident à la Chine, le spectacle de l’acharnement contre la Russie vingt ans après la chute du mur, la volonté brutale de mettre en place l’OTAN tout autour d’elle pays par pays limitrophe, les coups de boutoirs partout contre l’unité des Etats qui sont dans la cible des Etats-Unis, comme l’a montré l’exemple du Kosovo, tout cela permet à n’importe quel chinois qui aime son pays de comprendre quel est le sens réel dangereux de l’affection que les tireurs de ficelles occidentaux portent à intervalle utile au Tibet ou aux droits de l’homme. Les chinois du commun ont toutes les raisons de se méfier. Ils ont raison de le faire.
Dans cet épisode lamentable à Paris, notre pays a reçu un très rude coup dans l’esprit des chinois. Je dis bien les chinois. C’est à dire les gens du peuple, les intellectuels, les dirigeants de tous niveaux. C’est à nous, français, qu’on en veut, davantage qu’aux autres, d’avoir permis l’humiliant traquenard contre le passage de la flamme olympique à Paris. Les chinois savent qu’en France, si bavarde sur la liberté de la presse, ont été censurées les images ou l’on voyait un agresseur atteindre la jeune sportive handicapée et son accompagnateur aveugle. Peu importe que l’agresseur ai été un anglais comme un certain nombre des manifestants les plus agressifs venus avec ces centaines de drapeaux tibétains pourtant introuvables dans le commerce.
C’est à nous qu’on en veut car c’est de nous qu’on attend le plus en Chine. C’est de nous dont on attend la meilleure compréhension parce que dans la culture et la connaissance des chinois nous sommes toujours le peuple de la grande révolution de 1789 et celui de la reconnaissance par le général de Gaulle de la Chine populaire en 1964. Pour eux nous sommes ceux qui ont refusé la deuxième guerre du golfe et ainsi de suite. Donc ils nous pensent comme un peuple qui leur ressemble par son exigence d’indépendance et par conséquent son autonomie par rapport aux campagnes hostiles des anglo-saxons. Dès lors ils s’estime trompés par les déclarations amitieuses du président Sarkozy en Chine auxquelles ont fait suite ses misérables menaces de boycott à Paris. Vu sous cet angle de terrain, l’attitude des dirigeants français et des énergumènes rameutés pour le Tibet des moines est un tissu de bêtises désastreuses pour la France. Et nous n’en sortirons pas tant que nos dirigeants continueront à courir derrière des marionnettes à gages comme Robert Menard et des officines comme Reporters sans Frontières.