16 LE PEUPLE LOTBINIERE, le jeudi 28 avril 2011 www.lepeuplelotbiniere.canoe.ca
Gens D’affaires
Monde de Passion
De la Chine… à Saint-Agapit
Par Eric Migneault
Calme et posé, M. Jin Zhou, propriétaire du dépanneur Accommodation Daniel à Saint-Agapit, n’a pas peur d’aller ou le vent veut bien l’amener. Botaniste/phyto-écologiste de formation, il a quitté la Chine avec sa femme et sa fille il y a maintenant plus de 13 ans pour le Japon. Spécialiste dans un domaine peu commun comme celui de la botanique, le travail de M. Zhou l’a amené au Québec en 2002. Il s’est alors aventuré seul dans le monde occidental sans trop savoir ce que la nature allait lui réserver.
Une passion pour les beautés de la nature
Dès l’âge de 4 ans, M. Zhou a toujours été un fervent amateur de la nature. « Je me souviens comment j’aimais aller attraper des poissons, des crevettes et du crabe dans l’étendu d’eau proche de la résidence de mes grands-parents ». À son entrée à l’une des plus réputées universités de la Chine, M. Zhou décide d’y étudier la biologie où il y décrochera un doctorat en écologie des tourbière.
Quelques années plus tard, M. Zhou et sa famille ont dû déménager au Japon où ils y resteront pendant 4 ans. C’est en 2002 qu’il prit contact avec le Dr. Line Rochefort, professeure au département de phytologie à l’Université Laval, reconnue mondialement comme étant la leader en restauration de tourbière. Cette dernière propose alors à M. Zhou de venir travailler avec lui à Québec, proposition qu’il accepta.
Un nouveau départ
Dès son arrivée, M. Zhou a tout de suite apprécié le milieu de vie : « Pas très longtemps après mon arrivée au Canada, j’ai senti que c’est un endroit où j’aimerais y vivre en raison du vaste territoire, de la sécurité qui y règne et du système d’assurance-maladie! » Il y trouva une maison à Sainte-Foy qu’il occupe encore aujourd’hui. Quelques mois plus tard, M. Zhou a entamé les démarches pour que le reste de la famille vienne le rejoindre. En 2005, sa femme et sa fille de 12 ans ont obtenu leur droit d’immigration en sol canadien et la famille Zhou était une fois de plus réunie.
Après un peu plus d’un an de travail avec la professeure Line Rochefort, M. Zhou a entamé un deuxième doctorat à l’Université Laval. De 2004 à 2008, M. Zhou a fait de la recherche pour sa deuxième thèse qu’il n’a pas complètement terminée. Entre 2009 et 2010, M. Zhou se retrouva sans emploi pendant une période d’environ 2 ans. Il a alors fait face à une épreuve commune à une grande majorité d’immigrants. En effet, malgré sa très grande expertise en botanique, il demeure difficile de trouver un emploi dans un domaine aussi spécifique que la recherche en restauration de tourbière. Pendant ce temps, M. Zhou en a profité pour améliorer son français en suivant des cours. Il a également travaillé comme cuisinier italien dans un restaurant de Québec.
Si vous demandez à M. Zhou comment en est-il venu à devenir propriétaire d’un dépanneur, il vous dira que certains de ces confrères immigrants d’origine chinoise lui ont dit qu’un dépanneur était un bon moyen de gagner sa vie au Canada sans que ça demande un trop gros investissement. Bref, pour lui, un dépanneur représentait un bon moyen de faire vivre sa famille sans avoir la crainte de tout perdre. C’est alors qu’il prit la décision avec sa femme de commencer le magasinage, malgré le fait qu’il ne connaît rien dans la vente au détail. « Même si je n’avais aucune expérience dans la vente au détail, je me suis dit que ce ne serait pas plus difficile que de faire de la recherche scientifique. »
Saint-Agapit, un choix logique !
Après avoir visité 3 dépanneurs, un à Québec, un à Saint-Nicolas et celui de Saint-Agapit, M. Zhou opta pour celui de Saint-Agapit pour 3 raisons : la grandeur du bâtiment et du terrain, le chiffre d’affaires et la sécurité du quartier. C’est alors que le 23 aout 2010, M. Zhou devenait le nouveau propriétaire du dépanneur. Si vous lui demandez s’il connaissait la municipalité de Saint-Agapit auparavant, il vous répondra : « Je n’avais jamais entendu parler de Saint-Agapit avant d’acheter le dépanneur. La seule chose que je connaissais de Lotbinière avant ça c’était le Domaine-Joly-de-Lotbinière. »
Dès son arrivée sur le territoire, M. Zhou a fait la rencontre de Julie Rousseau, agente de liaison-migration au Carrefour jeunesse-emploi de Lotbinière, et de l’équipe d’ABC Lotbinière. Également, la mairesse de Saint-Agapit est venue lui souhaiter la bienvenue, ce qui a surpris M. Zhou : « J’ai été surpris de sa visite, parce que je n’ai jamais rencontré le maire de Québec ni celui de Wuhan (sa ville natale) ! »
Depuis un peu plus de 6 mois, M. Zhou fait de gros efforts pour s’intégrer à son nouveau milieu. Il dit essayer du mieux qu’il peut de participer aux différentes activités qui se déroulent dans les environs. Vous pouvez également le croiser à la bibliothèque municipale où il va emprunter des livres pour améliorer son français.
Le contact avec les gens et l’ouverture des clients face à culture, voilà ce que M. Zhou apprécie en tant que propriétaire d’un dépanneur : « Les gens sont curieux, ils me posent des questions sur ma langue. Certains me disent quelques mots en mandarin, ce qui me touche à chaque fois. » M. Zhou est très heureux depuis qu’il à découvert la belle municipalité de Saint-Agapit, malgré la grande charge de travail que représente la gestion de son commerce. Sans trop de grands projets à long terme pour le moment, il aimerait bien partager sa grande passion pour la nature avec ses clients. Pour ce faire, il aimerait ouvrir une section dans son magasin où il vendrait des plantes ornementales pour embellir sa terre d’accueil !