Chez-soi
Creer: Songwen Xu
Traduire: Michel Fournier
Janvier 2011, a Québec
Quand j'étais petite,
je rêvais toujours de mon chez- moi,
un petit château avec un toit rouge.
De là, on embrassait quatre saisons : bourgeons de fleurs et jeunes pousses, lucioles et libellules,
feuilles rouges et jaunes des arbres, elfes nocturnes dansant avec les flocons de neige, gouttes d'eau qui tombaient devant la porte.
Tout se réveillait dans la lumière du printemps, se retrouvait plein d'énergie au cours de l’été, faiblissait aux vents d’automne, devenait cristal dans la froidure de l'hiver.
Dans la cour,
les enfants s’amuseraient et joueraient sur la pelouse,
pendant que je dégusterais un thé en lisant une revue sous le pommier.
Aujourd'hui, je vis à l'étranger.
En levant les yeux vers le ciel rempli de flocons de neige,
Je n’aperçois ni gui, ni les platanes que je vois habituellement de chaque côté de la rue.
Je suis confuse,
Je suis dans l'inconnu.
Quelle distance y a-t-il entre la réalité et le chez-moi de mes rêves?
Peut-être mon chez-moi est-il au bout de mes doigts?
Mais pourquoi des passants pressés au visage étranger défilent-ils devant moi, affichant un air d'indifférence?
Exacerbent-ils sans raison ma nervosité?
Je recherche toujours mon chez-moi.
Je me retrouve prisonnière dans l'intimité de mon être, perplexe, tiraillée entre ces deux mondes différents.
Je sens la confusion et le mélange entre ces deux cultures.
Chaque fois que les feuilles d'érable tournent au rouge,
je me rappelle que les feuilles des arbres de Xiangshan sont tout aussi colorées.
Chaque fois que je me promène le long du fleuve Saint-Laurent,
Je me rappelle que le fleuve Changjiang est aussi large et profond. Je m'ennuie de Jiang Nan, au sud du Changjiang, une terre généreuse donnant beaucoup de riz et où le poisson abonde.
Les gens très travaillant qui habitent près de cette rivière me manquent de même que l'agitation de la ville.
Combien de fois, quand j’étais dans un vol de retour pour la Chine,
Je voyais par le hublot les lumières de la ville briller dans la noir,
une flamme bienfaisante réchauffait alors mon cœur.
Je sais,
C’est une sensation que rien ne peut enlever,
dont on ne peut être libéré, peu importe le temps et l'espace,
et cela, pour toujours.
Je voudrais
partager mon chez- moi de rêve avec mes compatriotes
par une si merveilleuse soirée.
Soudain,
le chez-moi de mes rêves n'apparaît plus lointain.
Ce chez-moi est fondé sur l’amour de ma patrie.
C'est un chez-moi sans frontières,
un rêve sans limites
parce qu'il ne faut jamais abandonner ses rêves.
Mon chez-moi se cache au fond de mon cœur.
Mon chez-moi est où se trouve mon rêve.
Où le coeur est, le rêve s'y trouve,
peu importe combien il a fallu vaincre de difficultés.
Les contraintes n'existent plus.
Il en est de même pour les cauchemars.
Dans ce monde civilisé,
j'ai appris à être bonne avec moi-même et avec les autres.
Tout en appréciant la fraîcheur de l'air,
je profite également de la tranquillité,
d’une vie simple mais enrichissante.
Je ne suis plus irascible.
Les fleurs s'épanouissent et se ferment.
Les nuages se déploient puis se dispersent.
Les marées montent et descendent.
Le soleil se lève et se couche.
Quand une nouvelle journée commencera, le soleil se lèvera comme d'habitude et quand la nuit reviendra, la voie lactée brillera de nouveau.
C'est possible de construire un chez-soi de rêve peu importe le pays où on se trouve.