清晨

清晨

     雨果

I

晨曦火焰在;

黑暗已逃窜;

梦境与雾霭

去寻黑夜晚;

玫瑰和眼睑

半开半闭兼;

声音响耳边

万物醒不眠。

共唱语声低,

交谈是场景,

烟雾与绿意,

巢穴和屋顶;

风对橡树言,

水语对清泉;

呼吸发自然

成为世间声!

一切皆还魂,

孩子将头点,

火来焰闪频,

竖琴弓儿弯;

疯狂或呆痴,

广阔世界里,

大家重开始

一切按就般。

无论思或爱,

兴奋得永续,

至高目标在,

全都飞过去;

船在找码头,

蜜蜂觅老柳,

司南指一头,

我将真理居。

II

深奥蕴道理!

探明花岗岩

就在水波底

吾锚被发现!

来自于黑暗,

阴影最下边

梦想千千万,

顶棚和地面!

真理河美丽

不让东西干!

万物皆饮之,

万物花之杆!

明灯置由神

接近诸原因!

剖析道理真

精神向心传!

树有粗糙皮,

橡树树头宽,

根据其实力

掰弯或折断,

影子延伸长,

每人有地方,

有在树枝上,

其他在树干!

都从山里出!

一切向深渊!

一切由我主

上天火花闪!

我们亵渎光!

无上眼安详

所在神额上

人类迟早完!



地球有奇迹

欢乐是其光

充满我耳里,

吾等眼睛忙!

波浪宿海岸,

疾风树木断,

模糊地平线

褶皱添迷茫!

其上覆蔚蓝,

苦涩深渊流

何时离吾帆?

随空气逃走,

倚在刀刃上,

灵魂聆听畅

当将海歌唱

就在我的头!

蓝色温柔绵

在天带微笑

试图能听见

精神所言道,

我在寻自然

晦涩难懂言

让风低语谈,

让星来写照!

造物纯粹称!

气性为普遍!

海洋和环境

天使阳光炫!

明星生儿子

上帝之气息,

神从鲜花里

采集蜜甘甜!

田野树叶稠!

世界兄弟般

村中有钟楼

谦卑而庄严!

山中有地平!

清新净黎明,

微笑短无形

永恒星在天!

只是一卷书?

无尾或中间,

大家其中住

尝试读一点!

这句好深奥

询问多徒劳!

世界眼看到,

灵魂见上天!

好书见终章

众心何简单,

思想家梦想

未知之内含,

人受神令颁

脸儿大又宽

书写在页边:

我们到面前!

圣书所流布

飘浮四纵横,

星星在圣书?

眼睛亮晶晶,

不要追神秘!

名字多孤立,

名字在大地,

天上有其名!

此书身心益

把心都征服!

智者都仔细

研究多辛苦!

意义存反叛

偶尔自意现!

毕达哥细念

摩西时常读!

Matin

I

L'aurore s'allume ;

L'ombre épaisse fuit ;

Le rêve et la brume

Vont où va la nuit ;

Paupières et roses

S'ouvrent demi-closes ;

Du réveil des choses

On entend le bruit.

Tout chante et murmure,

Tout parle à la fois,

Fumée et verdure,

Les nids et les toits ;

Le vent parle aux chênes,

L'eau parle aux fontaines ;

Toutes les haleines

Deviennent des voix !

Tout reprend son âme,

L'enfant son hocher,

Le foyer sa flamme,

Le luth son archet ;

Folie ou démence,

Dans le monde immense,

Chacun recommence

Ce qu'il ébauchait.

Qu'on pense ou qu'on aime,

Sans cesse agité,

Vers un but suprême,

Tout vole emporté ;

L'esquif cherche un môle,

L'abeille un vieux saule,

La boussole un pôle,

Moi la vérité.

II

Vérité profonde !

Granit éprouvé

Qu'au fond de toute onde

Mon ancre a trouvé !

De ce monde sombre,

Où passent dans l'ombre

Des songes sans nombre,

Plafond et pavé !

Vérité, beau fleuve

Que rien ne tarit !

Source où tout s'abreuve,

Tige où tout fleurit !

Lampe que Dieu pose

Près de toute cause !

Clarté que la chose

Envoie à l'esprit !

Arbre à rude écorce,

Chêne au vaste front,

Que selon sa force

L'homme ploie ou rompt,

D'où l'ombre s'épanche,

Où chacun se penche,

L'un sur une branche,

L'autre sur le tronc !

Mont d'où tout ruisselle !

Gouffre où tout s'en va !

Sublime étincelle

Que fait Jéhova !

Rayon qu'on blasphème !

Œil calme et suprême

Qu'au front de Dieu même

L'homme un jour creva !

III

9. Ô terre ! ô merveilles

Dont l'éclat joyeux

Emplit nos oreilles,

Eblouit nos yeux !

Bords où meurt la vague,

Bois qu'un souffle élague,

De l'horizon vague

Plis mystérieux !

Azur dont se voile

L'eau du gouffre amer,

Quand, laissant ma voile

Fuir au gré de l'air,

Penché sur la lame,

J'écoute avec l'âme

Cet épithalame

Que chante la mer !

Azur non moins tendre

Du ciel qui sourit

Quand, tâchant d'entendre

Ce que dit l'esprit,

Je cherche, ô nature,

La parole obscure

Que le vent murmure,

Que l'étoile écrit !

Création pure !

Etre universel !

Océan, ceinture

De tout sous le ciel !

Astres que fait naître

Le souffle du maître,

Fleurs où Dieu peut-être

Cueille quelque miel !

13. O champs, ô feuillages !

Monde fraternel

Clocher des villages

Humble et solennel !

Mont qui portes l'aire !

Aube fraîche et claire,

Sourire éphémère

De l'astre éternel !

N'êtes-vous qu'un livre,

Sans fin ni milieu,

Où chacun pour vivre

Cherche à lire un peu !

Phrase si profonde

Qu'en vain on la sonde !

L'œil y voit un monde,

L'âme y trouve un Dieu !

Beau livre qu'achèvent

Les cœurs ingénus,

Où les penseurs rêvent

Des sens inconnus,

Où ceux que Dieu charge

D'un front vaste et large

Ecrivent en marge :

Nous sommes venus !

Saint livre où la voile

Qui flotte en tous lieux,

Saint livre où l'étoile

Qui rayonne aux yeux,

Ne trace, ô mystère !

Qu'un nom solitaire,

Qu'un nom sur la terre,

Qu'un nom dans les cieux !

Livre salutaire

Où le cœur s'emplit !

Où tout sage austère

Travaille et pâlit !

Dont le sens rebelle

Parfois se révèle !

Pythagore épèle

Et Moïse lit !

 by Victor Hugo (1802 - 1885), no title, written 1834, appears in Les Chants du Crépuscule, no. 20

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